susceptibilité

Commentaires: 6 (Discussion fermée)
  • #1

    Ben (dimanche, 22 décembre 2013 10:12)

    La susceptibilité est un déplorable complexe. On fabrique une image de soi même qu'on place au centre de son petit monde, le plus haut possible, et on la vénère. Plus elle se gonfle et plus elle est fragile. Comme un ballon de baudruche, elle peut exploser à tout moment avant qu'on ai eu le temps de dire "ouf"! Et ce, sans aucune raison valable. Elle voit des pics partout. Et ces pics, on les sent vraiment, dans le corps. Quel monde de cauchemars on se fabrique! Un tableau de Brueghel.

    Ce qui est terrible, c'est que le fait d'en avoir conscience ne change rien. L'émotion semble plus rapide, plus forte que l'attention. C'est seulement après coup qu'on s'en rend compte. Et quand je dis après coup, ça peut être des heures ou des jours selon la gravité du mal.

    La jalousie semble être l'autre côté de la médaille.

  • #2

    Dayana (dimanche, 22 décembre 2013 12:15)

    Bonjour Ben,

    Oui, comme tous les shéma égotiques, la croyance en leur réalité amène invariablement à la souffrance, à l'enfer.
    Ce qui est vu à travers ce que vous décrivez, c'est l'image d'un soi comparée à une image référence construite sur des scénarios mémoire, autrement dit, il est vu un individu qui se sent mal car non conforme à l'image d'un autre individu qui serait lui conforme.
    Cela ne suffit pas. Ni l'individu conforme, ni l'individu qui se sent mal ne sont réels.
    Si le vécu souffrant est toujours là, c'est que l'identification à l'individu souffrant n'a pas été vue pleinement.
    Pour ce faire il convient d'explorer les croyances qui sous tendent l'existence de cet individu souffrant. Voyez ce qu'il vit, ce qu'il dit, ce qu'il pense et mettez tout cela en doute. La mise en doute des croyances consiste non pas à réfléchir sur le sujet mais à observer les faits et ce qui se passe vraiment par rapport à ce que dit la croyance. L'observation de ce qui est, tôt ou tard fait rétablir la vérité dissolvant en même temps que la croyance l'individu qui n'en est que la représentation fictive.
    Dans la mise en doute des pensées souffrantes, il y a le processus "the work" de Byron Katie qui excelle dans ce domaine.
    Ce qui est dit pour la susceptibilité s'applique de la même façon pour la jalousie.

  • #3

    Ben (dimanche, 22 décembre 2013 17:21)

    Bonsoir Dayana,

    Mon problème, c'est l'impatience. Je connais K. Byron et la lecture de ses livres m'a beaucoup apporté. Mais je n'ai jamais été en mesure de faire un travail progressif sur moi-même. Faire quelque chose en vue d'obtenir autre chose est au dessus de mes forces. Du moins l'ai-je cru jusqu'à présent, mais peut-être que quelque chose a changé?...

    Ensuite, c'est l'étonnante rapidité avec laquelle peut surgir une émotion tapie dans l'ombre de l'inconscient (dans ce cas la susceptibilité). Le pauvre intellect à beau dire, beau savoir, beau faire, elle n'en fait qu'une bouchée.

    C'est cette réactivité qui doit être tenue à l'oeil, me semble-t-il. Car l'action ne doit pas surgir d'un réflexe conditionné mais de la présence d'esprit. Il ne s'agit donc pas de réprimer mais d'être suffisamment vigilant pour voir le processus à l'oeuvre à l'instant où il se produit.

    Il s'est passé quelque chose dernièrement qui à m'a totalement désarçonné, et j'en ai été le premier surpris. Il n'empêche que ce fut très, très instructif, car cette fois-ci, les circonstances étaient idéales pour une vision claire. La susceptibilité et les réactions qu'elle implique ont été nettement constatés, mais après coup. L'idéal étant de pouvoir les détecter dès leur apparition ou même avant, si possible.

    Merci pour votre compréhension.

  • #4

    Dayana (lundi, 23 décembre 2013 18:41)

    Bonsoir Ben,

    L'émotion naît à partir des croyances aux pensées égotiques. Ces croyances d'illusions génèrent des ressentis de fermeture avec refus de ce qui se vit car interprété à partir de la mémoire et du tri sélectif mental. L'émotion est comme un pont jeté entre le corps et le mental: réponse corporelle sous l'influence des croyances.
    S'en libérer est remonter le fil d'Ariane à partir du seul "outil" que l'on a vraiment: le regard (et qui d'ailleurs n'est pas un outil mais notre nature même). Le regard est toujours là, sans effort, il est conscience. Voir, est ce qui délivre car discerne le vrai du faux.

    Ainsi, quand vous écrivez, la réactivité doit être tenue à l'oeil, sans être réprimée, s'il s'agit bien d'écoute non interférante, c'est en effet la bonne perspective. Attention toutefois que cela ne cache pas une subtile stratégie par refus de la réactivité, une réactivité à la réactivité. Cela est facile à discerner. Dans le 1er cas cela tourne en rond, dans le second cas, cela est libérateur
    L'action issue des croyances est réaction, l'action issue de la vision claire est fluidité.

    Le regard se cherche lui même. C'est un peu comme une rééducation. A force de s'être tellement figé sur le rêve il recherche sa nudité essentielle, celle qu'il a avant d'être comme filtré par le mental. Cela se fait progressivement.
    Ainsi dans l'exemple que vous citez, la claire vision est apparue "après le passage de l'éléphant n'en voyant que la queue", la prochaine fois la claire vision, si tout l'intérêt se porte sur elle (et non pas sur ce qu'elle voit) va comme se renforcer, s'affirmer et pourra donc détecter l'éléphant au moment même de son passage. Plus tard encore, devenue pleine et habitée, la claire vision détectera l'arrivée de l'éléphant avant même d'apercevoir sa trompe le faisant partir en fumée avant même qu'il ne soit détecté.

    Il n'y a aucun pouvoir personnel. C'est le regard qui est pouvoir. Le réaliser permet au regard de s'habiter pleinement et d'être simplement là où est notre véritable nature, où tout est rendu d'office à sa juste place.

  • #5

    Ben (lundi, 23 décembre 2013 19:23)

    Merci beaucoup Dayana,

    - pour votre réponse qui m'aide à sortir de l'ornière
    - pour votre aide en général via ce blog

    Joyeuses fêtes à tous et à bientôt!

  • #6

    Dayana (lundi, 23 décembre 2013 19:39)

    Merci aussi à vous.
    Joyeux noël!